Au soleil noir de Richard III : lire, traduire et mettre en scène Shakespeare
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La vengeance s’impose alors comme ressort sousjacent. Vengeance contre sa famille, dont Richard constitue le rejeton monstrueux, difforme et diffamé, maudit par sa mère dès sa naissance, écarté par ses frères, conspué par tous. Vengeance contre le monde qui l’a vomit sans lui laisser la moindre place, si bien qu’à défaut d’espace propre, c’est l’univers entier que le paria réclame désormais pour champ, dût-il, à cette fin, faire place nette de tout. La destruction : telle s’avère alors la fin poursuivie par Richard, dont le couronnement, loin d’endiguer la soif de crimes, en précipite au contraire l’ivresse. J’écris une nouvelle traduction de la pièce. Et donc nous dansons sur un fil dont la tension, cruciale pour l’élan de la langue au plateau, exige audace et acuité, inspiration et vigilance, fidélité et liberté, rigueur et initative, mémoire et imagination. Shakespeare bâtit un théâtre des paris impossibles et pourtant tenus. Tel est l’horizon asymptotique de cette traduction, sensible à la puissance de ces inconcevables visions.